L'ECRITURE DE L'ARRACHEMENT

L'auteur français Jean-Noël Pancrazi, membre du jury du Prix Renaudot, lauréat de plusieurs prix comme celui de Médicis, a animé, jeudi, une conférence à la salle Sila. « Je me sens Algérien. L’Algérie représente tout pour moi, elle reste mon trésor imaginaire, il n’y a pas un livre où je n’ai pas évoqué l’Algérie. Je continue toujours d’évoquer l’Algérie dans mes livres », a-t-il déclaré. «Le fait de partir d’Algérie était pour un moi un véritable arrachement.

Dans mon écriture, je m’intéresse à ceux qui ont connu le même arrachement que moi», a-t-il confié. Cet arrachement a causé à Jean-Noël Pancrazi de la souffrance et des tourments. L’écriture lui sert d'exutoire. Jean-Noël Pancrazi a développé une écriture portant sur l’expérience de l’exil. Pour lui, le problème actuel est celui des déplacés, que l’on appelle les réfugiés.« L’écrivain doit essayer comprendre la réalité des déplacés. Un écrivain ne doit pas être un spectateur. Je n’écris pas sur les déplacés, mais avec eux ; je vis avec eux, je ressens ce qu’ils ressentent. Car cela me permet de mieux les comprendre, d'éviter d'avoir de jugements et de ne pas faire tomber un verdict », a-t-il souligné.

A la question de savoir ce qu’il l’inspire, il a répondu : «La réalité m’inspire. Il faut être en relation avec le vécu. Je ne peux pas inventer une existence, et si je le fais je sais à quel moment ça devient artificiel ». Jean-Noël Pancrazi se pose la question : « Ai-je le droit d’en parler ? » « Oui, j’en ai le droit si, toutefois, je suis exact », a-t-il répondu.

Yacine Idjer

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